Sept hectares de zones humides concernés
Ces zones humides se situent dans la partie sud du camp, bordée aujourd’hui par le fleuve Rhône, et parcourue historiquement par ses crues et débordements. On y retrouve deux de ses anciens bras : la lône de la Violette et la lône du Grand gravier. Ces deux annexes présentent un héritage exceptionnel du passé du fleuve. La lône de la Violette est un ancien bras de tressage, très légèrement sinueux. La lône du Grand Gravier est un des plus remarquables méandres du haut-Rhône en forme de fer-à-cheval. Il présente des arrivées d’eau soutenues et abrite de remarquables prairies humides et circulations phréatiques.
Ces zones humides apportent une biodiversité à forte valeur patrimoniale et sont propices à l’abreuvement de la faune au cœur de cette plaine bien sèche.
Par ailleurs, le camp abrite l’une des deux seules mentions certaines dans l’Ain du crapaud persillé (Pelodytes punctatus) et un terrain de chasse et de reproduction pour le crapaud calamite (Bufo calamita). Ce dernier, ainsi que la rainette verte (Hyla arborea), profitent des ornières créées par les véhicules militaires pour se reproduire.
En effet, ces terres humides sont utilisées comme zones de manœuvres pour les régiments militaires. Un entraînement spécifique aux conditions extrêmes , appelés « parcours mangrove », se réalise au sein de la lône de la Violette, sur une partie très vaseuse du linéaire. Plusieurs centaines de militaires s’y entraînent annuellement, en préparation à des opérations extérieures en conditions climatiques et milieux contraints, comme les marais ou mangroves. La roselière (phragmitaie) et la peupleraie du Grand gravier ne sont pas du tout utilisées par les militaires, ni fréquentées.
Un projet de restauration ambitieux
Objectif : améliorer le niveau et la circulation de l'eau dans ces zones humides
Afin d’améliorer le niveau et la circulation d’eau dans ces zones humides, et ainsi assurer leur pérennité, un vaste programme de restauration est prévu. L’intégralité de la lône de la Violette est concernée par ce projet. Pour le Grand gravier, seule sa partie aval est concernée.
Sur cette partie du camp, les travaux entrepris vont consister à éliminer les bouchons vaseux présents au niveau des obstacles à l’écoulement. Le retrait d’une partie de la matière organique accumulée dans les deux bras de la lône ont pour objectifs d’augmenter la connectivité de la lône avec la nappe phréatique, d’augmenter l’inondation de la zone et de favoriser les espèces d’intérêt communautaire.
A l’aval de la lône du Grand gravier, une roselière abandonnée d’environ 1, 5 hectares tend à s’atterrir par des dépôts de matière végétale et des ligneux. Une restauration mécanique par broyage avec exportation de la matière (sur une parcelle agricole voisine) permettra de maintenir ce milieu ouvert et de garantir un meilleur accès aux espèces d’intérêt prioritaire. Un léger décapage ponctuel et le creusement de canaux (10 500 m3) permettront une meilleure mise en eau de certains secteurs, pour un gain écologique plus fort.
Une peupleraie de 1,5 hectares a été plantée sur le site. Elle sera convertie en prairie humide. Le bois sera exploité et vendu sur pied. Un ensemencement complémentaire à l’aide d’une brosseuse à graines est envisagé. Une transplantation de quelques touffes de marisque (Cladium mariscus) sera aussi réalisée pour favoriser la reprise et le retour de l’habitat prioritaire